La lettre apocryphe de Jules Bessière, de Briols.

Publié le 5 Avril 2014

Mercredi 5 janvier 1916

A ma chère et belle Léonie.

Ah, que tu me manques. Quel dommage que nous n’ayons pu passer Noël ensemble, autour de la dinde.

J’espère que les enfants sont en bonne santé et que tu veilles bien sur eux. Ça va bientôt faire deux ans que la guerre a commencé. En tout cas, j’espère qu’elle sera bientôt finie pour pouvoir serrer mes quatre beaux enfants dans mes bras, et aussi pour retrouver les champs, les prés, la belle église de Briols, pour retourner me baigner, et apprendre à chasser et à pêcher aux enfants.

Je vais te raconter quelque chose d’incroyable.

Lundi, il était 4 heures du matin, nous étions en train de creuser une tranchée à 40 mètres de celle des boches. D’un coup, les boches se sont approchés et l’un d’eux a levé la main en signe d’amitié. Puis les Français et les Allemands se sont rapprochés, et nous avons échangé du tabac. C’était vraiment incroyable. Je n’aurais jamais cru qu’ils pouvaient être aussi gentils. J’avoue que le lendemain, je n’avais pas envie de les attaquer.

J’ai du mal à oublier mes amis de Montlaur. Ils sont tous morts au combat, sauf moi. J’ai très peur de finir comme eux. J’ai de plus en plus peur de sortir de la tranchée.

Mais ne t’en fais pas, je reviendrai, pour toi et les enfants.

J’espère que la guerre va finir vite pour que Jules et Louis n’y aillent.

Et , c’est dommage de ne pas être ensemble avec Gustave, mon frère jumeau. Si tu as de ses nouvelles, donne-les- moi s’il te plaît.

Bons baisers à tous les cinq , et à bientôt.

Jules

Jules sera tué à Cappy, dans la Somme , le 29 janvier 1916. Il avait 42 ans, et avait quatre enfants : Jules ,18 ans, Louis 15 ans, Augusta, 12 ans, et André 8 ans.

Rédaction : Lolita, Sarah M

En vous rendant sur le site de Monsieur Tardy, vous trouverez des photos montrant une rencontre pacifique entre allemands et français en janvier 1916.

http://www.association14-18.org/documents/tardyg_cont.htm

Les cinq photographies ci-dessous constituent un document tout à fait exceptionnel : il s'agit d'une scène de "contact" pacifique entre soldats français et allemands, sur le front de la Somme, le 3 janvier 1916. On remarquera que les soldats allemands ne sont visiblement pas armés (pas de casque ni fusil apparents) et sont munis tout au contraire d'outils. Sur les premiers clichés, on voit distinctement certains d'entre eux s'affairer sur le sol. La scène se passant entre les lignes, on peut imaginer qu'une trêve tacite aurait été instaurée afin de permettre aux soldats germaniques de ramasser leurs morts. S'approchant peut-être plus que prévu des lignes françaises, poussés par la curiosité, une sorte de face à face surprenant s'en serait ensuivi. On constate très nettement sur les photos l'attitude pleine d'embarras et d'ahurissement des soldats français. Sur la dernière photo, les Allemands se sont regroupés, le photographe s'est quant à lui rapproché, et c'est une véritable photo posée qui nous est offerte !

La lettre apocryphe de Jules Bessière, de Briols.
Le médaillon d'identification de Jules Bessieres, apporté en classe par Lolita.
Le médaillon d'identification de Jules Bessieres, apporté en classe par Lolita.

Le médaillon d'identification de Jules Bessieres, apporté en classe par Lolita.

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